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Qu'est ce que l'art videopictural?
Le but premier des tableaux créés sous le nom de vidéopictural est de se réapproprier des lieux communs, des sujets, des œuvres connues, en figeant de manière artistique, des moments précis d’une vidéo que je réalise. Cette vidéo me demande d’être « au bon endroit au bon moment »… Cette nécessité est particulièrement énergivore et ne se concrétise que rarement.
Mu Cephaï* fait ensuite en sorte que les tableaux offrent un espace pour être transcendés, appropriés, goûtés avec nos sens cachés : un archétype d’extra terrestres-humains, de fantômes et de monstres natifs, de bribes de consciences informatiques et de paysages symboliques. C’est aussi une invitation au partage, qui permet de réaliser à quel point notre vision du monde est unique lorsque l’on abandonne nos certitudes. Et lorsque l’on s’exprime avec d’autres, en dépit de ces certitudes, des ponts entre différentes visions se tissent, légers, sourient.
* Mu Cephaï : l’agrégation, à travers moi, de toutes les formes de conscience qui ont contribué à ce que vous regardez et qui vous parlent. Moi, je ne suis qu’une interface sensible.
Dans mes tableaux, je veux montrer qu’en utilisant des outils considérés comme indignes à l'esprit d'esthétisme vrai, il est possible de faire du beau. Un beau qui n’est pas uniquement réservé à la réflexion et à la technique classique mais plutôt à une certaine idée d’incarner le moment « ici et maintenant » de la rêverie et de la conscience.
Je veux montrer
autre chose qu’une déstructuration de la réalité à l'inverse de la
production actuelle qui n’en finit pas de se déconstruire au risque
de devenir morose ou de donner le tournis. Dans mes tableaux, il
n’y a pas de volonté de précision mais de transparence, il
n'y a pas de volonté de réflexion sur la technique mais
d'enchantement car rien ne restreint la pensée dans le cadre
toujours plus petit d’une réflexion pointue non transversale. Ils
ont en visée un objectif plus palpitant, plus grand, moins maîtrisé
pour laisser d'avantage de place à l'enchantement. Il y a une
volonté plus à même de délier des pensées positives dont le monde
souffre cruellement : le meilleur de soi, le monde à soi, en
dehors des expertises, en dehors des carcans
extérieurs.
Pour décrire le réel avec cette technique videopicturale, il m’aura fallu le temps accepter un combat en moi que se livre les petites ou grandes vérités toujours à côté de l’idée sensible et une certaine idée du Beau, transcendantal et fragile, qui peut se passer des mots… mais qui aime le Verbe.
Ce beau transcendantal ne peut pas souffrir des modes ni du temps qui passe… ou en tout cas moins vite… « on est pas sur le même plateau, on fait pas tous la même course, mais on a tous l’amour du vélo » dirai le cycliste. Cette quête de l'effort, ici du Beau, c’est de s’incarner au mieux et d’incarner au mieux la Conscience, de proche en proche de Soi jusqu’à l’Univers.
Venant du monde de la musique quelque peu onirique, je cherchais une autre forme d’expression me permettant de mieux exprimer ce combat pour la glorieuse matière du vivant et finalement accepter que je cherche fondamentalement la conscience, ce beau transcendantal, cette fenêtre vers l’immortalité.
ART VIDEOPICTURAL : Dans quel but
L’art vidéopictural a le souci de décrire le réel plus vraiment que par l’unique représentation de la palette visuelle, l’œil étant restreint à une vision personnelle et ponctuelle. La technologie actuelle nous ouvre un champs des possibles, vers cette évolution métissée quasi inconsciente avec la machine car nous ne pouvions, pouvons et pourrons pas attendre la mutation génétique correspondant à nos besoins actuels de communication, de déplacements,... et il n'y a rien de mal à cela... En tous cas, physiquement, qu’on se le dise, de prime abord, nous voyons toutes les choses avec des nuances différentes.
L’œil s’enrichie
également de ce que l’on voit de l’intérieur, loin des
pensées binaires et évolue en fonction de notre adaptation à
l'environnement et à notre état d’esprit. Je prend donc à contre
pied ici aussi la mode actuelle, car je veux que le cerveau de
l'observateur puisse voir le travail de la machine pour mieux
rentrer dans le nécessaire, dans la libération de la perfection
toujours dépassée, créant tellement de frustration de type... "mais
pourquoi je me lasse..." ici, le monde sous jacent, de conquête est
plus étendu, rallongeant le temps de lassitude dans des sphères
éloignées.
Tout a été créé dit-on de l’art, fatigué de découvrir? Et bien oui et non. Nous évoluons (normalement) et nous participons aux mutations en définissant nos besoins de compréhension. Nous poussons l’évolution vers une forme de vie plus riche et complexe -inconsciemment ou consciemment- grâce à la connaissance des possibilités de tous nos sens.
Cela n’est possible que du moment où l’on se pose la bonne question, celle posée par notre petite voix (la plus petite) et que nous tentons d’y répondre en dépassant les cadres établis, avec force (l’effort sur le long terme inclus), respect et confiance pour la curiosité pour l’inconnu.
Dans ces clichés picturaux il y a l’idée de mouvement qui s'oriente dans plusieurs sens:
- Le remplacement des procédés de reproduction analogiques tels que la peinture par des procédés numériques complexes –avec leur limite actuelle- et apportant une idée certaine de l’enchantement, de la rareté (prouesse de création) et de l’intelligence artificielle.
- L’ordinateur ne fait pas qu’émanciper l’œuvre du support. Il agit dessus, l’anticipe à part égal. L’ordinateur est mon prolongement mécanique comme je suis son prolongement humain. Imaginez un pinceau qu’il faut savoir et pouvoir contrôler par alternance pour peindre plusieurs couches de réalité et à la fin rendre quelque chose de cohérent et beau. Le résultat ne serait pas accessible par des procédés classiques.
- Complémentarité : ni la photo ni la peinture ne peuvent apporter autant de mouvement. C’est compréhensible. La photo fige une strate de la réalité. La vidéo, de son côté, est figée par sa nature même, dans un temps linéaire de causes logiques : une image après l’autre. Ici,...
…Ici il y a des ponts qui se créés entre l’objectif, le subjectif et le suggéré : c’est peut-être une nouvelle ère analogique, celle où l’on ne fait plus qu’un avec la machine et les autres et l’environnement, sans s’en rendre compte et pour le meilleur, de tout à chacun, relié.
Pour ceux qui veulent aller plus loin, l’approche vidéopicturale s’inscrit à chaque instant dans l’idée de réappropriation personnelle du monde telle que définie par la proposition de travail du nouveau manifeste du surréalisme, et dont voici les grandes lignes dans sa version S (petite) :
Le hasard impitoyable et l’incroyable hasard
La curiosité moteur de l’enchantement
La conscience créée l’évolution
Réaliser sa vraie vie en dehors des carcans idéologiques
Créer et s’approprier les signes
L’univers peut se reconnaître à travers chacun
Montrer sa valeur psychique
La technologie est un allié de la conscience